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La DinoActualité |
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Comment les Sauropodes se servaient-ils de leur cou?
Voilà une question qui peut paraître étrange, mais qui revient régulièrement sur le devant de l'actualité. En effet, l'imagerie traditionnelle représente le Diplodocus broutant les hautes branches des arbres, le cou, long de 6 mètres, gracieusement ployé comme celui d'un cygne. Spielberg, grand "dinosorologue" d'Hollywood, nous les avait ainsi montrés, tels des girafes préhistoriques.
Mais depuis quelques années, de nombreuses études sont en train de remettre cette conception en question. Deux approches sont utilisées, aboutissant à peu près aux mêmes conclusions:
Tout d'abord, le cou du Diplodocus est passé par la modélisation informatique. La taille, la forme des vertèbres cervicales,etc. ont été modélisés, ce qui a fait au total près d'une trentaine de paramètres pour chacune des 15 vertèbres cervicales.
Ainsi, une reconstitution en trois dimensions a permis de comprendre la position du cou et sa flexibilité, en fonction des contraintes biomécaniques. Grâce à la souris -de l'ordinateur- les chercheurs ont imposé des flexions maximum aux cous, sans aller jusqu'au torticolis.
Résultat: sur l'écran, les animaux broutent sur un rayon de 4 mètres. Plutôt qu'une allure de girafe, le Diplodocus avait l'élégance de bovins... à très longs cous et se nourissaient de fougères, cycas, prêles, plutôt que des branches de conifères et de ginkgos. Ces interprétations ont été reprises par les scientifiques et les animateurs de la célèbre série Sur La Terre Des Dinosaures, pour arriver à remarquablement faire revivre ces animaux dans l'épisode 2. Le réalisme y est saisissant: quand un Diplodocus marche, on sent bien l'effet du poids sur sa peau qui tremble.
Une approche radicalement différente vient de la part des physiologistes, qui tentent de comprendre la biologie de ces gigantesques animaux terrestres. C'est le cas, entre autres, de Roger Seymour, de l’Université d’Adélaïde, en Australie, qui après avoir passé 24 ans de sa vie à étudier le cur et la pression artérielle de divers mammifères et reptiles, vient de publier ses résultats dans deux revues.
Ce qui interpelle ces scientifiques, c'est que pour pomper du sang jusqu'à une tête située à une hauteur de 15 mètres, il faudrait un cur absolument énorme. Selon les calculs de Roger Seymour, un gros dinosaure comme le Barosaurus, par exemple, aurait eu besoin pour lever la tête d'un cur avec un ventricule droit pesant deux tonnes à lui seul.
Une situation impossible, non seulement parce qu’un tel cur prendrait trop de place dans le corps, mais aussi parce que sa paroi serait si épaisse (en raison de l’énorme pression artérielle) qu’il faudrait plus d’énergie pour la déformer que pour pomper le sang en tant que tel. Un si gros muscle consommerait d’ailleurs autant d’énergie que le reste du corps...
Mais le problème n'est pas résolu pour autant! Si, pour le Diplodocus, la solution semble relativement claire, ce n'est pas encore le cas pour tous les Sauropodes.
En effet, certains scientifiques pensent qu'il est tout à fait possible que les Sauropodes aient développé des curs auxiliaires ou un système de siphon. Un métabolisme très lent autoriserait aussi un cur plus petit.
Pour mettre fin à la controverse, il faudrait retrouver des fossiles avec des traces d'organes, ce qui est hautement improbable. Il n'y a plus qu'à attendre que la chance sourie aux paléontologues...
Pour en savoir plus...
Voir la rubrique "Le Saviez-vous?" (Le doyen des dinosaures sauropodes)
Le deuxième épisode de la série Sur la Terre Des Dinosaures
La fossilisation des organes: un événement rarissime
Les dinosaures de Jurassic park 3
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